Joséphine Baker entre au Panthéon et rien que pour cette citation, elle le mérite !
“Tous les hommes n’ont pas la même couleur, le même langage, ni les mêmes mœurs, mais ils ont le même cœur, le même sang, le même besoin d’amour .“
Cette citation de Joséphine résume bien sa personnalité. Joséphine était une passionnée, une amoureuse de la vie, de l’Humain. Homme, femme … son coeur se laissait porter par son élan, peu importe le genre. Blanc, noir, Jaune, rouge … elle ouvrait grand ses bras pour adopter la terre entière.
Une grande dame, une femme emplie d’amour pour l’humanité est entrée au Panthéon.
Découvrons ensemble le parcours de cette femme artiste, engagée, généreuse.
Son enfance
Joséphine Baker est née le 3 juin 1906 à Saint Louis dans le Missouri aux Etats-Unis. Et oui, cette femme si française a traversé l’Atlantique !
Son enfance ne fut pas simple. Elle avait sa maman mais son père, elle n’en a jamais rien su. Peut-être était-il espagnol. Il était blanc, c’est la seule certitude. Elle fut tiraillée par ses origines “ni noire, ni blanche”.
La pauvreté dans laquelle vivait sa famille la conduite à travailler très tôt, encore enfant. La danse et le spectacle faisait déjà partie intégrante de cette petite fille. C’est à 14 ans qu’elle monta pour la première fois sur scène pour remplacer une danseuse malade dans le théâtre où elle travaillait en tant qu’habilleuse.
C’est là que l’aventure artistique commence ! Et notre Joséphine comprend vite que sa passion pour la danse peut devenir le centre de sa vie. Elle quitte sa famille et une mère difficile pour la véritable vie d’artiste.
Joséphine débarque en France
C’est à New York qu’elle sera repérée pour intégrer la troupe d’une grande Revue à Paris !
La Revue Nègre déboule dans la capitale française et fait salle comble au Théâtre des Champs-Elysées.
Joséphine se dandine et fait scandale. Elle danse frénétiquement et grimace. Joséphine use et abuse des grimaces. C’est son bouclier, son armure pour surmonter ses peurs, ses doutes, ses complexes.
Et oui, Joséphine danse presque nue devant des centaines, des milliers de personnes mais elle est complexée. « Je n’ai pas la prétention d’être jolie. J’ai les genoux pointus et les seins comme une garçon de dix-sept ans. Mais si mon visage est maigre et laid, si les dents me sortent de la bouche, mes yeux sont beaux et mon corps intelligent ».
Cette intelligence du corps transparaît dans ses danses. Joséphine fascine littéralement le public français.
Joséphine signe rapidement avec le théâtre des Folies Bergère pour une Revue où elle devient la vedette, et c’est là que sera créé son célèbre costume à la ceinture de banane.

La fascination qu’elle exerce s’amplifie, a-t’elle point que les femmes de la capitale se teignent la peau pour avoir le teint halé et se plaque les cheveux comme elle.
Malheureusement, il y a toujours les grincheux, les bien-pensants, les culs bénis, les racistes. Joséphine adulée mais Joséphine critiquée et insultée. Car non seulement elle est noire, non seulement elle se trémousse nue sur scène, mais en plus elle ne cache pas sa vie sentimentale bissexuelle. Joséphine cristallise en elle seule tout ce que ces pauvres personnages ne peuvent supporter : la liberté !
Joséphine danseuse et chanteuse
C’est en 1930 que Joséphine devient chanteuse et pas n’importe comment ! Elle le devient avec sa fameuse chanson « J’ai deux amours ».
Tout ce qu’elle touche devient or ! Elle ouvre un cabaret « Chez Joséphine » et continue à signer de fabuleux contrats avec le Casino de Paris et les Folies bergère.
Joséphine va même trouver son prince charmant. Elle épouse Jean Lion, un industriel Français d’origine Juive qui lui donne la nationalité française en 1938. Ce mariage ne fera pas long feu mais Jean Lion lui devra la vie. Joséphine permettra à son mari et à sa famille de fuir aux Etats-Unis au début de la guerre, elle le sauva des camps de la mort !
Joséphine, engagée, résistante
Elle ne pouvait pas rester indifférente à cette seconde guerre mondiale. Pas indifférente, et encore moins inactive.
Elle prendra une part active dans la résistance. Elle a eu cette phrase magnifique : « C’est la France qui m’a faite. Je suis prête à lui donner aujourd’hui ma vie. Vous pouvez disposer de moi comme vous l’entendez ».
Joséphine aida des réfugiés à quitter la France. Elle fit passer des messages codés dans ses partitions. Elle chanta pour les troupes au front. Chose assez incroyable, ce n’est qu’en 1961 qu’elle reçut la médaille de la Légion d’honneur au Château des Milandes.

Joséphine ne cesse plus d’être de tous les combats et elle utilise sa notoriété pour lutter contre le racisme qui reste omniprésent à la fin de la guerre. Pour elle, il existait une seule race : la « race humaine ».
Un coeur si grand
Se sentant investie d’une mission raciale, elle crée son « Village du Monde » au Château des Milandes. Vous ne le savez peut-être pas mais Joséphine a écrit plusieurs ouvrages dont « Mon Sang dans tes veines », réflexion sur l’injustice de la discrimination raciale.
C’est avec son mari Jo Bouillon, chef d’orchestre de renom en 1947 qu’elle crée son “Village du monde” au Château des Milandes. Ils avaient tous les deux ce même idéal de fonder un « Village du Monde, Capitale de la Fraternité universelle » afin de montrer au monde entier que des enfants de nationalités et de religions différentes pouvaient vivre ensemble dans la paix. 12 enfants de nationalités et de religions différentes : Akio, Coréen ; Janot, Japonais ; Jari, Finlandais ; Luis, Colombien ; Marianne et Brahim d’Afrique du Nord, Moïse, Français et d’origine Juive ; Jean-claude et Noël Français, Koffi de Côte d’Ivoire, Mara, Vénézuélien et Stellina Marocaine.

Tous ses enfants formaient la « Tribu Arc en Ciel ».
Le Château des Milandes était clairement une allégorie du paradis. Mais ça ne dure pas ! Joséphine est trop généreuse et trop naïve. Entre dépenses non contrôlées et abus de personnes sans scrupule, le domaine est vendu pour une misère.
La scène retrouvée
A 62 ans elle s’installe à Roque Brune sur la Côte d’Azur aidée par la Princesse Grâce de Monaco.
Pour rembourser ses dettes, Joséphine remonte sur scène.
Le spectacle du Bal de la Croix Rouge, qui est organisé pour la principauté de Monaco, permettra à Joséphine Baker de redevenir une star. Cette revue sera montée au théâtre de Bobino à Paris et fut un triomphe ! Elle retraçait toute la carrière de l’artiste, les épisodes heureux et malheureux.
Malheureusement, Joséphine est épuisée. Après quelques représentations, elle est retrouvée inanimée dans l’appartement qu’elle occupait à Paris. Transportée d’urgence à la Salpetrière, elle meurt le 12 avril 1975 des suites d’une hémorragie cérébrale à 5h30 du matin.

Bruno Coppens nous a livré un très beau texte suite à cette évènement. Dans ce billet, Bruno Coppens mets en parallèle Joséphine et un triste sire. Lisez-le personnellement j’en ai eu les larmes aux yeux.
Je n’ai pas son talent, c’est une évidence. Cet article n’est que mon petit hommage à Joséphine l’artiste, à Joséphine l’amoureuse, à Joséphine la mère, à Joséphine la militante, à Joséphine la battante ! Merci madame Baker d’avoir et de continuer à briller pour nous montrer la lumière.
Joséphine Baker entre au Panthéon ! Il était grand temps !
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